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flicetteQuand Grégory pousse la porte du commissariat pour aller porter plainte, il se sent très mal à l’aise, d’autant que le policier qui a pour mission d’accueillir le public, sans doute parce qu’il est débordé par de multiples sollicitations de tous ordres, ne lui semble pas un modèle de compassion humaine. Il lui raconte rapidement son histoire dans sa version la plus résumée pour ne pas lui faire perdre son temps. Lui décroche son téléphone, dit seulement « Une histoire de harcèlement, avec un homme comme victime. », et voilà Grégory prié de monter les étages pour un entretien en tête-à-tête avec le capitaine Élodie Gaillardeau (1).La jeune femme aux trois barrettes sur l’uniforme qu’elle ne porte pas lui adresse par contre un regard direct qui le rassure et l’incite à déballer toute l’affaire. Elle l’accueille d’une franche poignée de mains et l’écoute d’une oreille attentive.— Tout a commencé, dit-il, quand j’ai ouvert ma broîte aux lettres, un soir en rentrant du travail. Je suis prof de sport dans un lycée. Dans ma broîte aux lettres, donc, il y avait une voiture miniature soigneusement emballée, mais sans adresse ni expéditeur, donc pas distribuée par le facteur. Un petit mot manuscrit accompagnait le paquet : C’est pour toi, bon anniversaire. Pas de signature. Effectivement, c’était mon anniversaire, et je suis collectionneur de petites voitures, mais peu de gens le savent.— Et c’était quoi, cette voiture miniature ?— Une Renault 25 TS bordeaux de la marque Majorette, au 1: 64ème, dans un état impeccable. Je ne sais pas comment mon mystérieux correspondant savait que je rêvais depuis longtemps de ce modèle introuvable, mais il est parvenu à le trouver et l’a placé dans ma broîte aux lettres.— C’est plutôt gentil, vous ne trouvez pas ?— L’aspect anonyme du cadeau m’a troublé, mais l’objet m’a fait plaisir, en effet. La suite est moins plaisante, écoutez : il y a eu d’autres lettres, plus explicites, plus obscènes aussi, avec des mots comme : Je ne rêve que de déposer de doux baisers sur tes lèvres, de tenir ton corps tendrement dans mes bras, mon trésor, mon amour, toi dont le cœur a ignoré le mien jusqu’ici. Voici les lettres, que je vous ai amenées.La policière les parcourt rapidement. Elles sont plus romantiques que véritablement obscènes, mais elles constituent, en effet, des faits de harcèlement dans la mesure où elles sont répétées et où leur destinataire ne souhaite en rien les recevoir.— Et vous n’avez aucune idée sur la personne qui aurait pu vous envoyer tout ça, homme ou femme ? Vous avez peut-être une admiratrice, dans votre voisinage ou entourage professionnel ? Quelquefois, il suffit d’une bonne discussion bien franche pour redresser une situation délicate et remettre les idées en place.— Aucune idée…— Continuez, je vous prie.— Ensuite, cette personne est passée à autre chose : après les lettres d’amour licencieuses, des vidéos tournées la nuit à mon domicile, pendant que je dors. Au matin, j’ai plusieurs fois trouvé une clé USB contenant un film dans lequel on me voit dormir dans mon lit, pendant plusieurs minutes. C’est glaçant.— Comme dans le film Lost highway de David Lynch. Sauf qu’à l’époque, au milieu des années 1990, il s’agissait de cassettes vidéo.— Je ne sais pas : je ne l’ai pas vu.— Dans votre situation, je ne vous conseille pas d’aller le voir. Mais poursuivez. Vous avez fait quoi, après ?— J’ai fait changer les serrures de ma porte d’entrée. Ça m’a coûté une fortune, mais pour rien : les visites nocturnes continuaient.— On ne vous a rien volé ?— Rien du tout. Au contraire : je me suis rendu compte que le mystérieux pervers a ajouté dans ma vitrine une nouvelle voiture miniature, une Renault Super 5 TS rouge, toujours de la marque Majorette au 1: 64ème, toujours impeccable ! Si quelqu’un de mon entourage me l’avais offerte, j’aurais été ravi, mais là, je deviens fou ! À chaque fois, le mystérieux visiteur laisse une clé USB en évidence avec le film de ses pérégrinations chez moi, dans la quasi-obscurité : il doit avoir une caméra avec un capteur CCD ultra-sensible pour qu’on y voie quelque chose.— Vous avez amené les vidéos avec vous ?— Oui, mais vous n’y trouverez sans doute pas grand-chose d’intéressant. Le visiteur ne se filme jamais lui-même et fait toujours attention en passant devant les miroirs. Vous ne parviendrez pas à l’identifier de cette façon. J’ai peur qu’il finisse par s’en prendre à moi physiquement.— Effectivement, cette manière de s’introduire chez les gens, même sans rien prendre, est inacceptable.— Que comptez-vous faire ?— Vous dites que ce mystérieux visiteur vient vous voir chaque nuit, à une heure où vous dormez ?— Pratiquement chaque nuit, oui.— Il suffirait que je vous envoie quelqu’un pour une nuit, et l’individu sera facilement intercepté. En général, la vue d’un uniforme et d’une arme de service a vite fait de calmer ce genre de profil. Vous seriez d’accord pour accueillir un policier chez vous pour une ou deux nuits ?— Si vous pensez que c’est la solution, pourquoi pas ?— Voyons, qui pourrais-je vous envoyer ? Il vaut mieux commencer dès ce soir, car on ne sait jamais ce qu’il pourrait se produire à court terme, et je ne tiens pas à rejouer le scénario de Lost highway…— Ça se finit mal, dans le film ?— Très mal. Ne le regardez-pas, je vous dis : c’est affreux. Mais on n’en est pas encore là.Elle parcourt une liste sur l’écran de son ordinateur, avec les emplois du temps et les missions en cours.— Pratiquement tous mes gars sont déjà affectés, en ce moment. Je vois bien quelqu’un, mais c’est un peu délicat de vous demander cela parce que c’est une jeune femme. Elle vient juste de terminer sa convalescence après avoir été grièvement blessée par balle au cours d’une opération. Elle venait juste de sortir de l’école de police, et c’était sa première opération : elle n’a pas eu de chance. Je voudrais qu’elle reprenne tranquillement, sur une mission pas trop difficile ni risquée : cela devrait lui convenir. Vous êtes d’accord ?— Si vous me dites que c’est la bonne personne, je vous fais confiance.— C’est parfait, dit-elle en se levant pour serrer la main de son interlocuteur. Elle s’appelle Lorie et viendra chez vous dès ce soir pour surveiller votre appartement toute la nuit, et reviendra si nécessaire les nuits suivantes. Je vous demande d’être discret, en évitant d’en parler autour de vous, afin de ne pas renseigner le mystérieux visiteur, sinon tout cela n’aura servi à rien. Rassurez-vous : je suis sûre que votre histoire va s’arranger rapidement et sans v******e.— Merci beaucoup, Capitaine.— À votre service, Monsieur.oooooOoooooIl est vingt heures. L’interphone émet sa sonnerie. Grégory ouvre immédiatement la porte de son petit studio.— Bonsoir, je suis venue veiller sur vous pendant la nuit, sur ordre du capitaine Gaillardeau. Je m’appelle Lorie.— Bonsoir, Madame. Grégory. Je vous attendais. Merci d’être venue. J’espère que vous allez être en mesure d’arrêter mon mystérieux visiteur nocturne. Et de le mettre hors d’état de nuire, aussi.— Pour ça, ne vous inquiétez pas : les maniaques de tout poil, les pervers, les obsédés sexuels, les exhibitionnistes ne me font pas peur. Et puis, j’ai ça, dit-elle en montrant son arme de service. J’espère bien ne pas avoir à tirer, mais ce genre de joujou fait peur et ramène les cinglés à un peu plus de raison : c’est le but. Au besoin, j’ai aussi un taser et le tonfa, le bâton dont les coups font mal.— À votre avis, qui pourrait bien être cet étrange visiteur ? Homme ou femme ?— J’ai lu les lettres et visionné les vidéos, cet après-midi : aucune idée. Il n’est pas fréquent qu’un homme soit la cible d’une harceleuse féminine qui va aussi loin, mais cela arrive parfois. Il se peut aussi que ce soit un homosexuel. Pour l’instant, on ne peut rien dire. Mais s’il ou elle commet l’erreur de venir ici cette nuit, je lui mettrai la main dessus, et on saura la vérité.— En attendant, si vous voulez, je vous offre un verre ?— Un jus de fruit, alors, parce que je ne bois jamais d’alcool pendant mon service.— Moi non plus, je n’en bois jamais. À la vôtre, alors ?— Mais non, à la résolution de notre affaire ! Tchin.Dans la grande vitrine du salon sont exposés les modèles réduits de voitures françaises des années 80, la passion de Grégory depuis son adolescence. Il nettoie très souvent et avec minutie, avec un plumeau, chaque voiture qui pour lui possède son histoire et sa personnalité qu’il explique à Lorie. Celle-ci l’écoute patiemment, remarquant surtout le regard de l’homme lorsqu’il évoque le passé industriel de ces petits bijoux fabriqués à Boulogne-Billancourt, à Sochaux, à Rennes, à Aulnay-sous-Bois, à Romorantin, avec les différentes déclinaisons en termes de finition et de motorisation. Il en parle comme s’il s’agissait de conquêtes féminines dont il aurait partagé le lit.— Regardez celle-ci, dit-il en sortant une voiture de son étagère. C’est l’une de celles qui sont arrivées magiquement dans ma broîte aux lettres. Une Renault 25 TS de 1984, l’une des premières sorties de l’usine de Sandouville, en Normandie. Mon père en avait une, juste de cette couleur, et l’a gardée pas moins de quinze ans. Elle avait une ligne superbe, elle était douce à conduire, aussi robuste que confortable, avec ses grands sièges accueillants en velours beige qui sont ici parfaitement reproduits. La TS était pourtant le modèle d’entrée de gamme, assez peu nerveux à cause d’une petite motorisation essence, et l’une de ses particularités était de n’avoir qu’une seule oreille ; enfin, un seul rétroviseur extérieur, à gauche, contrairement aux autres modèles un peu plus luxueux.— Vous n’avez pas de voitures d’exception comme des Ferrari, des Lamborghini ?— Non, je veux retrouver les voitures que je voyais rouler quand j’étais enfant, et mes parents habitaient dans un quartier populaire où on ne voyait jamais passer ce genre d’engin.— Vous faites quoi, comme métier ?— J’enseigne le sport dans un lycée privé où il n’y a pratiquement que des jeunes filles et où je suis le seul enseignant masculin.— Excusez ma franchise, mais je vous vois seul alors que vous n’avez que l’embarras du choix sur la personne à mettre dans votre lit, le soir…— Je n’ai jamais eu personne dans ma vie, et pour être tranquille, je fais croire autour de moi que je suis homosexuel : comme cela, elles ne s’intéressent pas à moi. En réalité, je ne suis ni homo, ni hétérosexuel : je suis rien-du-tout-sexuel, c’est plus simple. Et vous, c’est un peu le contraire : vous devez avoir une majorité de collègues masculins. Mis à part votre chef, le capitaine.— Effectivement. La différence, c’est que le capitaine Gaillardeau, ma chef, est vraiment lesbienne et n’en fait pas mystère, de sorte que les collègues savent à quoi s’en tenir, ce qui est préférable car il vaut mieux éviter de coucher avec son supérieur hiérarchique.— Et elle n’a pas tenté de vous draguer ?— Si, une fois ; mais je lui ai fait comprendre que les femmes, ce n’est pas mon truc. Heureusement, elle n’a pas insisté. J’ai pourtant essayé, un jour, avec une copine : rien à faire, c’est une question olfactive. Je préférerai toujours l’odeur de la bite à cette de la foufounette. Quant à mes collègues hommes… où est le mal à se donner mutuellement des moments de douceur, entre deux opérations ? Quand je devais rester toujours allongée et que je m’ennuyais dans mon lit, après avoir été blessée, ils venaient me voir pour me réconforter, m’apporter des fleurs, des bonbons… et aussi me sauter dessus – avec délicatesse, certes, rapport à mon état de santé – mais ils bandaient bellement et sans faiblesse. Ils étaient sympas.Ensemble, ils regardent un film à la télé. Pendant la publicité, elle s’absente pour aller aux toilettes.— J’ai un problème, dit-elle en revenant : pourriez-vous me passer… non, je dis des âneries, vous ne pouvez pas avoir ça.— Demandez toujours…— Bêtement, j’allais vous demander de me dépanner d’un tampon.— J’en ai bien quelques-uns, mais ils sont vieux, et l’encreur doit être sec maintenant.Elle lève un sourcil, étonnée.— Les Anglais viennent d’attaquer, comme chaque mois, et je n’ai plus de munitions.— Ils y a des gens qui s’en prennent à vous régulièrement ? Pourtant, vous êtes armée, et vous devriez être capable de vous défendre : je vous ai vue arriver avec une broîte entière de munitions, tout à l’heure.— Non, je vous parle des règles. Les ours, les ragnagnas, quoi.— Vous savez, ici, ce n’est pas comme au lycée : vous n’êtes pas obligée de respecter scrupuleusement des règles de vie en communauté. Autrement dit, faites comme chez vous.— Vous blaguez, ou réellement vous ignorez ce que sont les règles ? Vous savez, les menstruations.— Les mens… quoi ?— Laissez-moi deviner : non seulement vous n’avez pas de copine et vous n’en avez jamais eu, mais en plus vous n’avez pas de sœur.— Ben non, je suis puceau, et fils unique. Mais vous voulez bien m’expliquer ?— Je n’imaginais pas avoir à expliquer ça à un grand garçon comme vous, comme une maman à sa fille adolescente. Tous les mois, à partir de la puberté, les femmes perdent du sang par leur vagin. On appelle cela les menstruations, ou bien les règles, parce que normalement elles sont régulières. Bref, pour éviter que le sang vienne imprégner notre petite culotte, ce qui serait très inconfortable en plus de dégager une odeur particulière qui indisposerait tout le monde alentour, on se glisse un tampon dans le vagin. Ça ressemble à un gros suppositoire, mais avec une ficelle pour le récupérer au bout de quelques heures, quand il est gorgé de fluide. Il y a aussi des femmes qui mettent des serviettes pour protéger sans pénétrer à l’intérieur. C’est moins intrusif, mais aussi moins discret, car ça risque de se voir avec des vêtements un peu moulants. Il y en a aussi qui mettent les deux en même temps, pour plus d’efficacité.— Ah, c’est donc ça que les filles s’échangent quelquefois discrètement dans la cour de récréation, au lycée ? Comme à chaque fois elles se cachent, je croyais qu’il s’agissait d’un trafic d’une forme bizarre de drogue, des sortes d’infusions à tremper dans de l’eau chaude.Lorie éclate de rire.— Il est vrai que c’est une chose assez taboue, que les filles font en général tout pour cacher, surtout quand il y a des hommes alentour. Pour autant, cela n’a rien d’illégal, heureusement. Il ne manquerait plus que ça, qu’on nous interdise les menstruations et les protections périodiques… Votre candeur est impayable ! Désolée de me moquer de vous, c’est plus fort que moi.— Ne soyez pas désolée. C’est moi qui ai honte de mon ignorance totale pour tout de ce qui concerne cinquante pour cent de l’humanité, à savoir les femmes. Et ça ne vous fait pas mal, de perdre tout ce sang ?— Si ; quelquefois, on a mal au ventre. On peut se sentir énervée ou fatiguée, aussi. Enfin, ça dépend des femmes ; moi, en général, ça va, mais bahis firmaları je connais des filles qui se tordent de douleur. Le cas échéant, on prend un Doliprane – pas de l’aspirine parce que cela accentue le saignement – et on pense à autre chose ou bien on souffre en silence. Vous avez déjà entendu une fille se plaindre devant vous que ses règles lui font mal ?— Non, jamais, en effet. Vous pouvez me montrer un tampon, pour que je voie à quoi cela ressemble ?— Justement, je n’en ai pas de propre à vous montrer, puisque c’était ce que j’allais vous demander.— Mais là, ce que vous tenez dans votre main, emballé dans du papier toilette…— Je cherchais la poubelle pour le jeter. D’ailleurs, il serait bien que vous investissiez dans une poubelle de salle de bain : on reconnaît bien là l’appartement d’un célibataire endurci. Vous ne voulez quand même pas que j’exhibe un tampon usagé sous vos yeux ?— Ben, pourquoi pas ? C’est si horrible de ça ?— En fait, non. C’est juste un truc un peu sanglant. Vous n’allez pas tourner de l’œil ?— Quand j’étais étudiant, j’ai été brancardier dans un hôpital, comme job d’été. J’ai vu des gens qui avaient le corps déchiqueté dans des accidents de voiture. Alors, vous savez…— Comme vous voulez, après tout. Ce qui est amusant, c’est que la plupart des hommes considèrent les menstruations comme quelque chose d’absolument dégoûtant dont ils ne veulent absolument pas entendre parler. Dans certaines religions, ils considèrent même que la femme est impure quand elle est en période de règles, et qu’il ne faut pas la toucher, ni même l’approcher. Bref, ce qui est amusant, c’est que pratiquement aucun mec – même parmi les séducteurs invétérés que j’ai connus – n’a jamais vu de près ou de loin un tampon usagé, et moi, je vais vous montrer cela, directement sous vos yeux. Eh bien, si l’odeur et l’aspect ne vous dérangent pas trop, regardez donc.Il att**** l’objet par la ficelle et l’examine, nullement écœuré par le sang très sombre dont le matériau absorbant est saturé.— Je crois que je me coucherai moins bête, ce soir.— À peine : il y a encore plein de choses que vous ne connaissez pas des femmes… Mais si vous le voulez bien, interrompons cette leçon de choses, parce que j’ai une course à faire. Il y a une épicerie ouverte le soir, dans le quartier ?— Oui, à quatre cents mètres, sur le boulevard.— Euh… normalement, je n’ai pas le droit de vous abandonner. Vous ne direz pas à ma chef que je vous ai laissé tout seul, comme un grand, pendant quelques minutes ?— Je serai une tombe, promis !— Bon, quand je rentrerai, je frapperai à la porte et je vous dirai le mot de passe sans lequel, surtout, vous n’ouvrirez à personne. Disons… « tampax » ; c’est une marque de tampons. C’est rigolo, comme mot de passe. Ça vous convient ?— Tampax, OK. À tout à l’heure !Lorie revient un quart d’heure plus tard avec en mains un petit paquet vert. Elle prononce le mot de passe ; il déverrouille un à un ses trois verrous et elle entre.— Ouf, je suis arrivée juste à temps : ils allaient fermer. Il pleut : je vais essayer de ne pas salir votre appartement.— Vous avez trouvé ce qu’il vous faut ?— Oui, n’épiloguons trop pas là-dessus : je veux bien satisfaire votre curiosité, mais ne vais quand même pas le changer devant vous, quand même !— Non, bien sûr, je ne veux pas violer votre pudeur. J’ai mis un seau dans les toilettes, avec un sac plastique, en guise de poubelle.— Vous faites des progrès. Bientôt, vous serez incollable, en plus d’être un parfait gentleman. Tiens, vous avez loué un DVD ?— Non, je ne suis pas parti d’ici pendant votre absence ; j’ai juste pris une douche.Ils se regardent, médusés, comprenant tout à coup. Fébrilement, Grégory insère la galette dans son lecteur et voit ce qu’il craignait : lui-même en train de se déshabiller pour entrer dans son bac à douche, puis en sortir pour enfiler son pyjama.— Vous êtes sûr de n’avoir ouvert la porte à personne, et que toutes les fenêtres étaient bien fermées ?— Je ne suis pas fou, quand même. Et avec la pluie, le vent et le froid, si une fenêtre avait été ouverte, on le sentirait.— Le maniaque est donc caché… ici, dans l’appartement, et il attendait patiemment que je m’en aille pour continuer à vous filmer ! Il faut que je fouille tout, de fond en comble. Je finirai bien par le trouver.Elle att**** fermement son arme de service et vérifie qu’elle est bien chargée.— Restez bien derrière moi, dit-elle. Ne vous isolez pas : il pourrait en profiter. On va allumer toutes les lumières.Ils avancent avec précaution, le cœur battant à chaque franchissement de porte. Comme l’appartement est minuscule, la fouille n’est pas longue. Rien.— Incroyable, dit-elle. On dirait qu’il passe à travers les murs. Un vrai passe-muraille, comme dans l’histoire de Marcel Aymé. Sauf que nous avons affaire à un pervers.— On fait quoi, maintenant ?— Vous n’avez qu’à dormir. Je vais rester éveillée pour surveiller l’appartement.Il se glisse dans son lit pendant que Lorie reste assise sur le canapé, gardant son pistolet en main. Mais une heure après, il ne dort toujours pas.— Je n’arrive pas à trouver le sommeil.— Stressé ?— Oui, sans doute.— Écoutez, ne paniquez pas : jusqu’ici, rien ne prouve que vous avez à faire à un individu violent. De plus, il ne passe jamais deux fois la même nuit. Je ne crois pas que vous ayez quelque chose à craindre.— Vous avez sans doute raison. Il faut que je me calme. Mais le fait que vous soyez éveillée, tout près de moi… d’un côté, ça me rassure, et de l’autre, ça me trouble.— J’aimerais bien prendre une douche. Comme cela, vous serez tranquille pour quelques minutes. Comme je l’ai dit, je ne crois pas qu’il y ait du danger à vous laisser ; et puis, de toute manière, je suis juste à côté. Vous n’auriez qu’à crier.— Si le maniaque arrive, vous allez surgir nue, l’arme au poing ?Elle rit.— Ça vous plairait bien, hein ? Oui, si c’est nécessaire, promis. Comme ça, vous ferez d’une pierre deux coups : vous serez débarrassé de celui qui vous embête et vous vous rincerez l’œil. Mais si vous m’appelez pour rien, je vous administre une grosse fessée déculotté.— Il y a des serviettes propres dans le placard. Servez-vous.— À tout de suite.Elle revient une demi-heure plus tard alors qu’il est en train d’épousseter, avec un plumeau, sa collection de voitures miniatures.— Ça fait du bien, dit-elle. Mais vous, vous ne dormez toujours pas alors qu’il est plus de minuit.— Vous utilisez une brosse à dents électrique ?— Une brosse à dents électrique ? Non, la mienne est manuelle, tout ce qu’il y a de plus banal.— C’est quoi, alors, le bruit sourd que j’entendais ?— Hé hé, vous avez l’oreille fine ! Je vais vous répondre par une autre question, qui peut-être vous paraîtra déplacée ; mais après tout, nous commençons à nous connaître, et sentez-vous libre de répondre ou non : est-ce qu’il vous arrive de vous masturber ?— De faire quoi ?— De vous toucher le sexe avec les mains pour avoir du plaisir. On appelle cela la masturbation.— Oui, dit-il, visiblement gêné.— Vous n’avez pas besoin de rougir : presque tout le monde fait ça ; et pour les hommes, il faut enlever le « presque ». C’est naturel, ça fait du bien et ça libère des tensions.— Pourquoi vous me demandez cela ?— Parce que je le faisais aussi, sous la douche, tout simplement. Sauf que je suppose que, comme la plupart des messieurs, vous utilisez seulement votre main alors que je me sers d’un vibromasseur. On dit aussi un sextoy. Il y a quelques années, ça aussi, c’était tabou, alors que de nos jours beaucoup de femmes en utilisent. Il y a aussi pas mal de couples qui s’en servent à deux. C’est une invention assez ancienne qui a été popularisée par une série télé dans les années 2000, Sex and the city. Vous qui êtes particulièrement curieux, vous voudrez sans doute que je vous le montre ?— Oui, je veux bien.Elle extrait l’engin, de couleur bleu foncé, de sa trousse de toilette.— Il fonctionne avec des piles qui s’épuisent très vite, car le moteur est puissant. Il a une partie qui s’enfonce dans le vagin, et l’autre qui stimule le clitoris.— C’est quoi, le clitoris ?— C’est un organe tout petit qu’ont les femmes pour le plaisir sexuel, juste au-dessus de l’orifice du vagin. Il correspond à peu près au gland masculin, sauf qu’il est encore plus innervé, donc sensible. Il ressemble à un bouton. En temps normal, il est enfermé sous un fourreau de peau qui le protège. Je ne vais quand même pas me déshabiller pour montrer le mien et vous faire une leçon d’anatomie ?— Non, bien sûr.— Si vous êtes curieux, vous n’avez qu’à regarder sur Internet : ce ne sont pas les vidéos qui montrent le clitoris en gros plan qui manquent, loin de là. Je trouve incroyable que vous n’ayez jamais eu la curiosité de regarder un porno.— Jamais. Croyez-le ou non, ce sont des choses qui me faisaient peur et que j’évitais soigneusement.— Elles vous faisaient peur ? Et plus maintenant, grâce à moi ! C’est bien : même si je ne parviens pas à arrêter notre individu, je ne serai pas venue pour rien, et vous aurai été utile.— Merci bien, en effet.— En réalité, il y a beaucoup plus d’hommes qui ont peur des femmes qu’on le croit. En général, la motivation pour baiser est si forte qu’elle leur permet de franchir ce cap. Mais vous, vous tenez la palme de l’ingénuité. Vu la verdeur de son langage, mon neveu de huit ans en sait sans doute plus que vous, sans doute grâce à ce qu’ils se racontent dans la cour, avec ses copains. Bon, si on dormait un peu ? Promis, je ne fermerai qu’un œil, et si notre maniaque revient, il trouvera ces menottes !— Vous avez raison. Demain, j’ai cours avec les terminales et aussi les élèves de première. Il faut que je sois en forme pour les faire courir.Ils éteignent la lumière.Une heure après, aucun des deux n’a fermé l’œil. Ils se retournent tout le temps, lui dans son lit, elle sur le canapé, sous sa couverture.— Vous ne dormez toujours pas ? finit-elle par lui dire.— Non, il y a des tas d’images qui défilent dans ma tête.— C’est à cause de ce que je vous ai raconté ?— Oui. J’aimerais vous poser encore une question.— Dites-moi.— Vous pouvez me raconter la première fois que vous avez fait l’amour avec un garçon ?— Je ne suis pas sûre que ce soit très intéressant, parce que c’était vite fait et bâclé, dans un buisson, à l’insu de mes parents. J’avais seulement douze ans et mon cousin, avec lequel cela s’est passé, deux de plus. Pas de quoi fouetter un chat. En dix minutes, j’étais déflorée.— Déflorée… J’aime bien la comparaison du sexe féminin avec une fleur. L’image est romantique, même si l’acte ne l’est pas toujours, vous ne trouvez pas ? Je pense par exemple à L’origine du monde de Gustave Courbet. D’ailleurs, pourquoi dit-on « déflorée » ? Vous l’avez toujours entre vos jambes, votre fleur, non ?— Ben oui, on peut toujours dire que c’est une fleur, mais elle devient différente après. Ce n’est pas comme pour vous, les hommes, qui restez identiques avant et après la première fois.— En quoi est-elle différente ?— Il faut que vous explique ça, aussi… Il y a un petit morceau de peau, à l’entrée du vagin, qui s’appelle l’hymen, et qui généralement se déchire lors du premier rapport sexuel. C’est cela qu’on appelle être déflorée. Là aussi, ça saigne un peu. Décidément, les femmes ont l’habitude de saigner, à cet endroit-là. Il y a l’accouchement, aussi ; mais là, je ne pourrai pas vous raconter, parce que je n’ai pas d’enfant et que je n’en aurai jamais.— Vous ne voulez pas d’enfant ?— J’aurais bien voulu, mais la balle que j’ai reçue a abîmé mon utérus. J’ai reçu une indemnisation pour cela, mais cela ne remplacera jamais les enfants que je n’aurai jamais. Au moins, je n’ai pas besoin de contraception. Vous savez ce que c’est, la contraception ?— Oui. C’est bien triste, tout ça. Vous avez dû avoir très mal.— En fait, je n’ai pas souffert tant que ça. Quand j’ai été touchée, je me suis évanouie immédiatement, et quand je me suis réveillée, les médecins m’ont bourrée de calmants. Parfois, la douleur se réveille, mais j’ai des cachets pour ça.— Je voulais dire : psychologiquement, quand vous avez appris que nous étiez devenue stérile.— Effectivement, c’est assez dur à entendre. Pourtant, je ne suis pas en couple stable, je n’ai pas d’amoureux, et je n’étais pas dans une perspective de fonder une famille au moment où j’ai été blessée. À vingt-deux ans, quand c’est arrivé, je m’imaginais avoir toute la vie devant moi pour cela. Vous ne connaissez pas votre chance d’avoir gardé la possibilité d’être parent ! Profitez-en, profitez de la vie, aimez une femme et faites avec elle des enfants : c’est tout ce que je peux vous souhaiter.— Merci. Jusqu’ici, à trente-sept ans, j’ai l’impression d’avoir passé ma vie à attendre un miracle qui ne viendra jamais.— C’est un peu à vous de le provoquer, ce miracle. Si vous passez votre vie à attendre dans votre appartement en astiquant vos petites voitures, il ne se passera rien et vous vieillirez seul. Ce serait dommage, parce que vous être plutôt un bel homme, et certainement bien des femmes aimeraient mieux vous connaître, si vous ne déployiez pas votre énergie à les décourager. À vous d’aller à leur rencontre. C’est curieux comme se parler dans l’obscurité appelle les confidences. Jamais je n’aurais imaginé vous raconter tout cela il y a seulement deux heures.— Moi non plus. Pendant ce laps de temps, vous m’en avez plus appris sur les femmes et sur moi-même que dix ans de solitude.— Vous voyez, même les ennuis les plus inquiétants ont leur aspect positif. Maintenant, vous devriez dormir, sinon vous allez somnoler devant vos élèves.— Mais je n’ai pas sommeil. J’ai l’intuition que la personne qui me harcèle est une femme qui me connaît et n’attend que l’occasion pour me sauter dessus, dans l’ombre. Ça m’effraye, mais en même temps je ressens une sorte d’excitation nouvelle, à cause de ce que vous m’avez dit.— Vous savez, je vais vous dire une chose : beaucoup d’hommes, sans l’avouer – sauf quelquefois sur l’oreiller, après une baise si bonne qu’elle appelle des confidences impossibles à faire autrement – fantasment sur l’idée d’être violés par des femmes. Surtout ceux qui sont mariés, sans doute parce qu’en tant que victimes, cela leur ôterait le poids moral de l’adultère. Ce n’est pas pour autant qu’ils aimeraient être vraiment violés, mais l’idée les excite, et ils la font tourner en boucle dans leur cerveau. Vous comprenez ? Ce que je veux dire, c’est que le trouble que vous ressentez est normal. La sexualité que vous avez toujours repoussée, refoulée au plus profond de vous-même, elle reste présente, tapie et prête à ressurgir à tout moment.— Vous êtes en train de me dire que je devrais me réjouir d’être le jouet d’une femme qui s’amuse à me harceler afin de m’épuiser psychologiquement, et peut-être s’apprête à me sauter dessus à tout moment pour m’imposer un kaçak iddaa rapport sexuel, un peu comme fait un pêcheur de thons avec sa prise qu’il ferre et qu’il fatigue progressivement avant de la sortir de l’eau ? Mais c’est horrible ! J’espère que vous allez lui tirer dessus, si elle fait cela, et surtout ne pas rater votre cible !— Je ne vous connaissais pas comme ça, capable d’une bouffée de v******e, et j’espère bien que si l’individu montre le bout de son nez, cela ne se terminera pas dans un bain de sang.— Vous avez raison, je dis n’importe quoi.— C’est parce que vous êtes fatigué : dormez. Quand j’étais petite et que je n’arrivais pas à dormir, ma maman m’apportait un verre d’eau, et puis je m’endormais. Tenez, buvez. Vous voulez aussi que je vous chante une berceuse ?— Chantez toujours…— C’est une chanson de Georges Brassens. Pas du genre de Les copains d’abord qu’on apprend aux enfants en cours de musique. Ça s’appelle Mélanie.Les chansons de salle de gardeOnt toujours été de mon goût,Et je suis bien malheureux, car deNos jours on n’en crée plus beaucoup.Pour ajouter au patrimoineFolklorique des carabins (bis)J’en ai fait une, putain de moine,Plaise à Dieu qu’elle plaise aux copains. (bis)Ancienne enfant d’Marie-salopeMélanie, la bonne au curé,Dedans ses trompes de Fallope,S’introduit des cierges sacrés.Des cierges de cire d’abeillePlus onéreux, mais bien meilleurs, (bis)Dame ! La qualité se payeÀ Saint-Sulpice, comme ailleurs. (bis) […] (2)Bercé par la mélodie dont il ne comprend pas toute la saveur libertine des paroles, Grégory s’endort profondément.Le lendemain, c’est Lorie qui le réveille. Elle a préparé le café fumant, et même acheté des croissants à la boulangerie, qu’ils dévorent attablés dans la petite cuisine.— C’est vraiment trop gentil de votre part, dit-il.— Je voulais me faire pardonner pour ce que je vous ai dit cette nuit au sujet du fantasme du viol qu’ont la plupart des hommes. Je suis comme ça : toujours trop directe. J’ai manqué de tact et j’ai dû vous blesser, parce que je généralise trop. Et puis, dans votre situation, vous n’êtes pas prêt à entendre un tel discours.— Et pourtant, vous deviez avoir raison : quelque chose en moi réclame qu’une femme prenne l’initiative de venir vers moi, malgré moi, en brisant les murs que j’ai érigés autour de moi. Laissez la vaisselle, je vais m’en occuper avant d’aller en cours.— Alors, je vous dis à soir, vingt heures ?— Très bien.Ils se font la bise avant de se séparer.oooooOoooooEn arrivant dans le petit appartement de Grégory, Lorie s’assied sur le canapé.— Ouf, dit-elle, j’ai marché une bonne partie de la journée. Mes pieds gonflent dans mes chaussures qui commencent à me faire mal. Je peux me déchausser ?— Bien sûr.— Je peux vous demander un petit service ? J’ai acheté cette huile de massage parfumée, et j’aimerais que vous me massiez les pieds. Comme prof de gym, vous devriez savoir le faire.— Pourquoi pas ? Ce n’est pas que j’ai l’habitude, mais je veux bien.Elle remarque, sur la table basse, qu’il a acheté le DVD du film Lost highway.— Vous êtes sûr que vous voulez le voir, dans votre situation ?— Sûr, mais avec vous !— Dans ce cas…Allongée sur le canapé, tandis qu’ils regardent le film, il lui masse délicatement les pieds, lui procurant d’exquises sensations. Au cours d’un moment de moindre intensité du scénario – il y en a même avec David Lynch – elle lui raconte :— Je me souviens, quand j’étais en terminale, je me suis foulé la cheville en sport. Je me suis déchaussée et le prof, un homme très gentil et plutôt séduisant, m’a examinée puis soignée avec une pommade apaisante. J’étais aux anges et je lui souriais, alors il s’est enhardi en m’enlevant la basket et la chaussette de l’autre pied pour le masser aussi, y compris les plantes et les orteils. Comme je lui souriais encore et que nous n’étions plus que tous les deux dans le gymnase, il a… enfin, c’est un peu osé de vous raconter ça…— Continuez, je vous écoute, dit-il en mettant le film en pause.— Il a baissé son pantalon et son slip, puis frotté son sexe en érection entre mes pieds qu’il tenait dans ses mains. J’avais encore peu d’expérience dans ce domaine et j’étais impressionnée par la taille de son engin qu’il frottait comme un morceau de bois entre deux pierres, pour l’enflammer. Ensuite, il m’a mouillé les orteils avec son sperme, il a remis son pantalon et il m’a laissée toute seule.— Sans même vous nettoyer les pieds ni vous mettre une attelle ?— Non, je me suis débrouillée toute seule. Et pour être honnête, je n’avais pas besoin d’attelle parce que je ne m’étais pas vraiment foulé la cheville : je jouais la comédie pour le provoquer, ce qui a parfaitement fonctionné. À la fin de l’année, il m’a mis une excellente note pour le bac alors que, si je me débrouillais convenablement dans sa matière, j’étais loin d’être une championne d’athlétisme. D’ailleurs, comme j’étais une élève plutôt faible par ailleurs, c’est grâce à lui que j’ai eu mon bac sans redoubler, de justesse.— Tricheuse ! Vous avez corrompu l’un de mes collègues, et vous vous en vantez !— Vous êtes le seul auquel j’ai avoué ma faute. Même mes meilleures copines ne le savent pas, au sujet de la note du bac. Il faut donc que j’expie pour être pardonnée : si vous voulez, vous pouvez me donner une fessée déculottée bien ferme. La même que celle que je vous promettais hier si vous m’aviez obligée sans motif valable à sortir précipitamment de la douche, nue, et surtout sans avoir le temps de finir ma masturbation – cela m’aurait mise de mauvaise humeur, mais j’aurais fini quand même par vous pardonner cette coquinerie.— Il est hors de question que je vous frappe : cela me rendrait coupable de voies de faits sur un agent de la police nationale dans l’exercice de ses fonctions, et je me retrouverais derrière les barreaux. Par contre…— Demandez-moi ce que vous voulez ! Mais laissez-moi deviner… vous voulez la même chose que ce prof de gym, pas vrai ?— Oui, dit-il faiblement en rougissant.— Il ne fallait pas hésiter à me le demander !— Si cela ne vous ennuie pas, j’aimerais me mettre complètement nu pour cela. Avoir du sexe à moitié habillé me paraît bizarre.— Comme vous voulez, bien sûr. Par contre, si cela ne vous ennuie pas, je préfère rester vêtue. D’une part, ça vaut mieux en cas d’incursion de notre mystérieux visiteur de la nuit, et d’autre part, je n’ai pas très chaud. Mais si vous avez envie de me peloter, vous pouvez glisser vos mains sous mon uniforme ; faites attention quand même avec mon arme, que le coup ne parte pas tout seul : ce serait dommage que notre histoire se termine comme ça ! On peut remettre le film ?Il se met à nu, s’installe confortablement sur son canapé et appuie sur la touche « play » de la télécommande. Pendant les pérégrinations de Bill Pullman sur l’écran, les pieds vont et viennent sur la verge érigée.— Elle est magnifique, toute droite ! admire sincèrement Lorie.Grégory lui sourit, comblé par ce compliment. Il ne fait rien pour hâter le dénouement, même s’il est moins concentré qu’au début sur le déroulement du film. Parfois, il lâche les pieds de la policière qui se rapproche pour effectuer elle-même, manuellement, les mouvements qu’il faut pour parcourir la hampe, prenant garde à ne pas l’exciter d’une manière excessive, pour faire durer le plaisir. Puis ils en reviennent à leur méthode initiale.L’éjaculation finit par venir quand le héros découvre, horrifié, que la vidéo qu’il a trouvée dans son salon filme le meurtre de sa femme, dans leur chambre, juste à côté. Angoissé, il l’appelle sans recevoir de réponse, puis constate sur place que son épouse a réellement été sauvagement assassinée. Interrogé sans douceur par la police, c’est-à-dire avec force baffes et coups de poing, il est condamné à la peine capitale et attend son exécution, en tenue orange, dans les couloirs de la mort. Au climax médian du scénario correspond celui de Grégory, le premier en compagnie d’une partenaire.Contrairement au prof dont parlait Lorie, il prend un paquet de mouchoirs pour essuyer sa semence avec soin, y compris entre les orteils qu’il lui prend ensuite la fantaisie de suçoter, puis de chatouiller du bout des doigts.— Ah, rit-elle, si vous avez l’intention de me titiller les pieds pour me punir d’avoir triché à l’examen, je vais dérouiller, parce que je suis très chatouilleuse.— Non : depuis le temps, il y a prescription ; et vous êtes si gentille avec moi…— Vous bandez encore alors que vous m’avez arrosée comme rarement je l’ai été. Pauvre garçon : vous deviez avoir une grosse réserve qui devait vous démanger terriblement. Vous êtes soulagé, maintenant ?— Il faut avouer que vous m’avez fait beaucoup de bien. Vous êtes indiscutablement une experte du maniement des pieds. Je vous mets vingt sur vingt.— J’ai un faible pour les profs de gym… Donc, je suis votre première partenaire de sexe, même si ce n’était là qu’une entrée en matière ? Dites, ça s’arrose !— Je vous avais dit hier que je ne bois jamais d’alcool, mais en fait je garde dans mon frigo une bouteille de champagne pour les grandes occasions. On la débouche ?— Oh, oui ! Tant pis pour la consigne de ne pas boire en service ! Au point où j’en suis, avec vous… Si votre visiteur arrive, on lui proposera une flûte.— Cette fois, dit-il après avoir fait sauter le bouchon, à nous deux. Et puis tant pis pour l’imbécile qui s’amuse à me filmer. On s’en fout. Tiens, qu’arrive-t-il au pauvre Bill Pullman ? Ils ne l’ont pas encore exécuté ?— Non, il se fait mystérieusement remplacer par quelqu’un d’autre dans sa cellule, un jeune garagiste. Fantastique ou folie des personnages, on ne sait jamais trop à quoi s’en tenir avec David Lynch. J’ai déjà vu ce film, en cachette de mes parents, à l’âge de dix ans, et je m’en souviens encore. Avec son atmosphère glauque, il m’avait vraiment fait peur, et après j’ai fait des cauchemars.— Vous vous êtes ennuyée, alors, si vous connaissez la fin ?— Pas du tout, car près de moi il y a vous, mon bel amateur de petons féminin ! Et vous savez quoi ? Vous avez raison : les scénarios compliqués m’ennuient. En fait de film, j’ai très envie de regarder un porno avec vous. Oui, un film sans aucune histoire à raconter, mais avec de jolis acteurs et de jolies actrices sans rien sur la peau qui ne craignent pas de se livrer à la fornication devant la caméra en exhibant leur anatomie de la manière la plus explicite possible. Vous voulez bien ? C’est quelque chose qu’il vous reste à explorer, avant l’ultime découverte… mon corps de femme !Il n’a bu que deux flûtes, mais les petites bulles lui font déjà tourner la tête et abolissent les quelques inhibitions qui pouvaient encore se trouver en lui, de sorte que la petite gêne qu’il ressentait de se trouver nu devant une femme toujours vêtue disparaît complètement. Il est même plutôt fier de montrer que son désir revient malgré sa récente éjaculation sur les pieds de la belle.— Comme c’est mercredi, je n’ai pas eu cours cet après-midi. J’en ai profité pour regarder des pornos sur ma tablette, pour la première fois.— Sans moi pour vous accompagner dans une telle découverte ? Dommage ! Et alors, quel genre vous inspire le plus ? Gonzo classique, lesbiennes, fétichisme, SM ?— Je ne m’y retrouve pas, il y en a tant ! Mais ce dont je suis certain, c’est que je n’aime pas la v******e, et que les poupées Barbie épilées jusqu’aux moindres recoins, aux seins bourrés de silicone et maquillées d’une manière qui me semble ridicule ne m’intéressent pas. Vous, au moins, me semblez naturelle.— Effectivement, je le suis, et mes seins sont de série, avec aucune option chirurgicale, tels que sortis d’usine, comme avec vos petites voitures. Bref, je n’ai rien d’une star du X et encore moins d’une top model.— On pourrait faire l’amour ; je me sens d’attaque. Vous voulez bien vous déshabiller ?— Hum, non, pas tout de suite. Je vous rappelle que j’ai mes règles, même si elles se terminent et que cela ne vous retient pas. Pour un homme, voir une femme nue en vrai devant soi est un moment magique qu’il faut faire durer le plus longtemps possible. Il vaut mieux exacerber le désir et attendre au moins jusqu’à demain.— Vous montrer toute nue, alors ? Juste pour le plaisir des yeux : je ne vous toucherai pas.— Même pas.— Juste vos seins, que je puisse les admirer. S’il vous plaît…— Non, désolée. Je vois dans vos yeux s’allumer la fièvre érotique. C’est bien. Il faut poursuivre sur cette voie. J’ai envie de vous maintenir le plus longtemps possible dans cet état de tension qui vous fera finalement exploser dans un moment d’une intensité dont vous n’avez même pas idée. Faites-moi confiance, je vous initierai. Mais attention : si vous perdez le contrôle de vous-même et me sautez dessus, je vous neutraliserai avec mon taser comme un vulgaire apprenti violeur. Je sais m’en servir, et il fait mal, je vous préviens.— Je ne vous devinais pas si cruelle.— Mais non, je ne suis pas cruelle : c’est pour votre bien. Je suis en train de vous créer un souvenir inoubliable dont vous vous souviendrez toute votre vie avec nostalgie. Pour autant, vous n’êtes pas condamné à la chasteté. Regardons ce porno, si vous le voulez bien. Vous pouvez vous masturber en même temps. Je vous donnerai des instructions et vous m’obéirez, parce qu’il ne faut pas que cela aille trop vite, ni gaspiller vos ressources en éjaculant à tort et à travers. Si nécessaire, je vous caresserai les bourses pour vous aider, et c’est moi qui essuierai votre sperme.— Faites de moi tout ce vous voulez. En tout cas, je vous fais totalement confiance.— Vraiment tout ? Alors commencez par me lécher les pieds, puisque c’est l’une des rares parties de mon corps qui vous sont accessibles ce soir.Il att**** les chevilles, une dans chaque main, pour lécher alternativement les orteils et les plantes de l’un et l’autre pied à grands coups de langue, prenant garde à ne pas chatouiller.— Vous aimez leur odeur ? Je pense qu’elle doit être assez forte.— Beaucoup. Et même passionnément.— C’est bien. Vous êtes un bon élève. Sucez bien le gros orteil, comme si vous alliez le manger. Voilà, comme ça. C’est un endroit très sensible qui me procure de délicieuses sensations, vous savez ? Maintenant, faites entrer un pied dans votre bouche, celui que vous voulez, le plus loin possible. Faites attention quand même à ne pas me vomir dessus.Sa bouche s’ouvre en grand pour engloutir presque entièrement le pied gauche. Il parvient à maîtriser le sentiment de nausée que lui cause la présence du gros orteil sur sa glotte, et appuie sur le talon jusqu’à ce qu’il lui soit impossible d’accueillir l’organe sur un seul centimètre supplémentaire. Puis il procède de même avec l’autre pied. L’obéissance de l’élève excite terriblement Lorie, qui brûle d’envie de se caresser en même temps. Cela lui donne une idée.— Bravo, excellent, dit-elle en retirant son pied. kaçak bahis Lorsque vous aurez repris votre souffle, attendez-moi, je reviens dans un petit instant.Elle se lève, va dans la salle de bain et revient avec une petite serviette de toilette dont elle se sert pour bander les yeux de Grégory qui, tout en confiance, se laisse faire sans dire un mot. Puis, utilisant ses menottes, elle lui attache les poignets derrière le dos.— Vous ne pouvez ni me voir, ni me toucher, dit-elle. Par contre, vous pouvez me sentir et m’entendre. Je vais me déshabiller complètement et me caresser, juste devant vous, à moins d’un mètre. Écoutez bien les bruits humides que je ferai, et ouvrez toutes grandes vos narines pour humer mes odeurs de femme. Vous, vous ne pouvez même pas vous toucher ; et ne vous faites pas d’illusions : je ne le ferai pas non plus. La découverte complète de mon corps, ce sera pour après. Vous allez maintenant découvrir le plaisir d’attendre…Comme elle l’a annoncé, elle se dénude complètement, en prenant son temps. Puis, en restant debout juste devant l’homme resté assis sur le canapé, elle lui fait respirer les fragrances de son sexe à hauteur de visage tandis qu’elle ouvre entre deux doigts les grandes lèvres de sa vulve humide. L’autre main agace le clitoris, ce qui l’amène rapidement à l’orgasme. Lui perçoit le souffle rapide, presque haletant, de celle qu’il ne peut ni voir ni toucher, ce qui lui procure une frustration difficile à supporter. Il voudrait se libérer et se débat dans ses menottes.— Chut, ne vous démenez pas pour rien : ce soir, j’ai décidé que vous n’aurez pas mon corps. Ce n’est pas la peine d’insister. Prenez seulement ce que je vous donne.— Vous sentez si bon…Elle retire son tampon, puis glisse deux doigts dans son vagin pour les en extraire humectés de mouille mêlée de sang, et les introduit dans la bouche de Grégory qui, surpris, aspire une à une les phalanges pour ne pas perdre une seule goutte du délicieux nectar.— Vous aimez le goût de mon jus féminin, dirait-on ? Même corrompu par les menstruations !— Quelle corruption ? J’aime tout ce qui provient de vous !— C’est bien ; régalez-vous, alors. C’est à cette attirance sans limite qu’on reconnaît les hommes qui sont vraiment passionnés par les femmes. Si vous voulez, je vous en donnerai d’autre. Je sens bien que votre soif est immense, et cela tombe bien car ce soir je me sens très humide.— Je voudrais boire directement à cette source…— Non ! Mon sexe n’est pas pour vous ce soir, et pourtant il se trouve à dix centimètres de votre bouche : vous sentez rayonner sa chaleur sur votre visage ?Il avance brusquement sa tête pour atteindre son odorant graal couvert de poils bruns, mais la belle a le réflexe de se reculer en même temps, de sorte que la tentative d’établir par surprise un contact tactile avec la vulve échoue. Pour le punir, elle serre fortement les testicules entre eux, dans son poing.— Ne refaites plus jamais ça, ou je fais subir à vos bijoux de famille des tourments dont vous n’avez même pas idée et qui vous feront regretter amèrement de m’avoir désobéi. Compris ?— Compris. Je suis désolé… c’était plus fort que moi !— Il va falloir apprendre à maîtriser vos pulsions. Je vais vous éduquer pour faire de vous un amant parfait.Elle se saisit de son vibromasseur qu’elle gardait près d’elle et le plaque contre son triangle herbu. La jouissance est rapide, ce que trahissent ses petits gémissements.— Mmm, que c’est bon… murmure-t-elle. Dommage que vous ne puissiez pas me voir. Vous pourriez admirer comment mes petits tétons se dressent et sont tout durs et tout pointus, mes aréoles deviennent plus foncées, et comment je transpire et mouille comme une forcenée ! J’ai souvent fantasmé sur l’idée de me masturber en public. Même aveugle, vous faites un excellent public.Elle prend délicatement la verge parfaitement érigée entre ses doigts pour en effleurer le gland luisant de la rosée du désir, ce qui provoque un sursaut de Grégory. Elle chatouille furtivement les bourses, puis enfonce un ongle à la base de la verge.— Non, n’éjaculez pas maintenant. Je vous l’interdis. Il faut vous retenir.Il se met à genoux, rendu fou par le désir, et se penche en avant. Au ras du sol, sa bouche rencontre les pieds de sa dominatrice, qu’il bécote avec fougue.— Si mes orteils vous plaisent, léchez-les encore, autant qu’il vous plaira. C’est un tableau que je trouve à mon goût.Il suçote de longues minutes sous les yeux de Lorie qui s’offre de nouvelles et sonores voluptés à l’aide de son engin vibrant. Quand elle jouit, sa mouille arrose les cheveux de son soumis.— Couchez-vous sur le dos ! ordonne-elle.Il obtempère. Elle insère son pied droit dans la bouche, le dirigeant cette fois elle-même, en une sorte d’irrumation podale. Expérimentée, elle sait jusqu’où elle peut aller sans risquer de faire mal à son partenaire qui, tout en confiance, se laisse faire malgré l’inconfort de cette position, car il a toujours les mains liées dans le dos. Les orteils, une fois retirés, agacent délicatement la verge par plusieurs tapotements coquins. Puis elle monte, pieds joints, sur le corps immobile et dénudé de l’homme, pesant de tout son poids sur la poitrine, dans la position d’une chasseresse victorieuse juchée sur sa proie qu’elle vient d’abattre.— Si nous avions été en plein-air, dit-elle, je vous aurais pissé dessus. Il m’est déjà arrivé de la faire : c’est amusant d’arroser son partenaire. Mais là, j’aurais sali la moquette de votre salon.— Prenez une grande serviette de bain, placez-la comme il convient, et faites-le.— Comme vous voulez.Afin de se donner envie d’uriner, elle finit la bouteille au goulot puis dispose la serviette éponge sous la tête de Grégory et, en position debout, les cuisses écartées largement de part et d’autre de la tête de son soumis, dégageant entre ses mains le rideau de chair protégeant son méat, elle ouvre les vannes et se soulage, dirigeant son jet par des mouvements du bassin. Il reçoit l’abondante douche dorée sans bouger, ouvrant même la bouche pour avaler un peu de champagne filtré par une charmante paire de reins.Alors que sa tête lui tourne un peu à cause des petites bulles dorées, elle lui essuie le visage et le cou, puis jette la serviette saturée de liquide tiède dans le lave-linge. Elle se rhabille avant de retirer le bandeau et les menottes.— Montrez-moi comment vous faites quand vous êtes seul, ordonne-t-elle.Il lance la vidéo pornographique qu’il avait sélectionnée sur sa tablette, et ils regardent les images ensemble. Un homme et une femme qui s’aiment dans toutes les positions possibles et en explorant successivement tous les orifices que la nature a mis à leur disposition. Comme elle l’a demandé, il promène fermement cinq doigts sur sa verge dure pendant qu’elle l’aide en pelotant ses testicules, ce qui lui procure de délicieux chatouillements qui se transforment vite en une volupté irrésistible.— Vous allez voir : vous allez exploser, dit-elle alors qu’il a les yeux rivés sur l’écran.— Il lui fait quoi, là ? Il s’est trompé de trou, non ?— Gros bêta, il a fait exprès… cela s’appelle la sodomie.— On peut faire ça aussi ? C’est possible ? C’est sale, à cet endroit, non ?— Oui, il faut forcer un peu pour agrandir le trou, et c’est gentiment sale ; mais on s’en fout de l’hygiène, quand on veut vraiment baiser. En général, les hommes adorent ça parce que c’est plus serré et moins lisse que le vagin, et que cela leur procure donc plus de sensations. Les femmes, par contre, trouvent souvent cela douloureux, mais j’en connais qui aiment bien et le font régulièrement. Moi, ce n’est pas trop mon truc ; mais si vous y tenez, nous pourrons quand même essayer quand ce sera le moment, parce que je suis là pour vous. Il faut bien lubrifier pour que la verge glisse sans accroc, sans oublier de mettre une capote parce que l’on peut transmettre des cochonneries qu’on garde à vie encore plus facilement qu’en vaginal.— Bah, je suis sûr que vous êtes saine.— Je me suis testée il y a un mois, mais vous savez, j’ai une vie sexuelle très libre ; alors, sait-on jamais… Regardez : il lui suce l’orifice anal ; on appelle ça un anulinctus. J’adore que mon partenaire mettre sa langue à cet endroit. Vous me le ferez, dites ? J’espère que vous apprécierez autant mes odeurs intimes de ce côté-là que de l’autre.Le simple fait d’entendre cette proposition le fait éjaculer encore. Ce ne sont que quelques gouttes translucides dont l’expulsion le laisse épuisé, mais son orgasme n’en est pas moins puissant.— Je crois que je n’en peux plus, là, dit-il.— Pensez-vous ! Je vais vous masser la prostate et vous allez retrouver votre vigueur, vous allez voir.— Je croyais que c’est un organe interne. Comment allez-vous…Le glissement de l’index lubrifié de salive à travers sa rosette anale le fait taire, bouche bée. Il est couché sur le dos, les cuisses repliées sur le ventre et légèrement écartées. Le contact digital avec la prostate, sensation inconnue, le fait sursauter et aussitôt bander de nouveau. L’autre main chatouille les bourses, puis stimule le frein par une pression assez forte de l’ongle. Il veut serrer sa tige d’où s’écoule en léger filet un liquide clair qu’il ne connaissait pas, mais elle l’en empêche.— Non, ne touchez pas votre pénis. Détendez-vous et laissez-moi faire. Vous allez voir, ça va venir tout seul, d’une manière différente de ce que vous connaissez.Deux heures plus tard, ils sont endormis ensemble sur le canapé, au milieu des multiples mouchoirs dans lesquels Grégory s’est vidé d’une manière complète avant de sombrer, à bout de forces, dans un sommeil émaillé de rêves charnels.— Demain soir, lui dit-elle juste avant qu’il s’endorme, je vous apprendrai aussi le cunnilinctus. Vous aurez ainsi l’occasion de me voir nue, mais il faudra vous appliquer car c’est un art délicat qui nécessite autant de finesse que de tendresse, et aussi quelques notions d’anatomie. Je suis confiante car vous êtes un bon élève, et vous apprenez vite.oooooOoooooLe lendemain, Lorie part de très bonne heure car elle doit prendre le train pour aller voir sa mère. « C’est du moins ce qu’elle dit… pense Grégory en prenant seul son petit déjeuner dans la cuisine. En fait de maman, c’est peut-être un amant qui attend avec impatience ce joli corps frêle et chaud qui sent extrêmement bon la sueur de femme. » Il se dit qu’il ne pourra pas la garder pour lui seul, de toute façon, et qu’il peut s’estimer heureux d’avoir été autorisé à l’approcher de près, lui l’ignare absolu auquel elle a appris les bases de la sexualité. La seule et unique qu’il ait jamais connue. Une chance extraordinaire.Ce matin encore, une clé USB est apparue pendant la nuit sur la table de la cuisine. Machinalement, tout en buvant son café, il l’insère dans sa tablette. Cela devient banal et ne l’effraie plus. Il est même plutôt content, car cela va obliger Lorie à rester quelques nuits de plus. Mais cette fois, il écarquille les yeux à cause de ce que montre le film. Sur l’image sombre et floue où l’action se distingue à peine, le mystérieux visiteur ouvre la vitrine du salon, se saisit d’un marteau et brise les petites voitures une à une. Les modèles réduits sont fragiles, et il n’a pas besoin de frapper très fort ni très bruyamment, ce qui explique que personne n’ait été réveillé : clac, clac, clac. Méthodiquement, une à une, jusqu’à la dernière arrivée, la Renault Super 5 rouge. Tout cela pendant que Grégory et Lorie dormaient. En se levant, aucun des deux n’avait remarqué quoi que ce soit.Il se précipite dans le salon et tombe à genoux devant la confirmation du désastre. Aucune voiture n’a survécu au massacre : toits enfoncés, capots défoncés, vitre brisées. Quinze ans de collecte patiente, de découvertes chinées aux puces et vide-greniers, de lecture attentive des petites annonces, tout cela détruit en une seule nuit ! À genoux devant le meuble devenu le tombeau de la passion, il pleure amèrement des sanglots silencieux.Lorie n’est pas partie prendre le train. Elle reste derrière lui, puis s’agenouille aussi et l’accueille dans ses bras, sans rien dire, faute de trouver des mots pour consoler. Elle a échoué dans sa mission de protection, sachant que pour lui, rien n’aurait pu être pire que ce dénouement.Mais des bras attentifs de femme savent réparer tout malheur. Ils sont faits pour cela, depuis la nuit des temps. Cela nécessite douceur et patience. Elle possède instinctivement l’une et l’autre. Il faut un mois entier avant qu’il accepte de regrouper les débris dans un carton, un autre mois pour que ce carton disparaisse, et encore deux mois supplémentaire avant qu’il vende la vitrine, renonçant ainsi, d’une manière définitive, à reconstituer sa collection.Ensuite, ils s’installent ensemble dans un autre appartement, un peu plus grand, avec de nouveaux projets.oooooOoooooUn an s’est écoulé. C’est la veille de leur mariage. Un poids pèse sur la poitrine de Lorie, qui se sait incapable de s’engager pour sa vie entière avec le poids d’un mensonge sur ses épaules. Elle a attendu le dernier moment pour dire la vérité à celui qu’elle aime, en soutenant son regard malgré la peur de la réaction de son futur mari. Elle prend une profonde inspiration pour se donner du courage, et dit tout, très vite :— Grégory, écoute-moi. Les petits cadeaux dans ta broîte aux lettres, c’était moi. L’inconnue qui te filmait chaque nuit, c’était moi. Et… la destruction de ta collection de petites voitures, c’était moi aussi. C’est moi qui suis intervenue pour te protéger, pour la simple raison que j’ai demandé au capitaine de me confier cette mission et qu’elle a accepté. Tu n’es pas obligé de me pardonner. Si tu ne veux plus de ce mariage à cause de ça, dis-le. Je comprendrai, je partirai et tu ne me reverras plus. Cela te procurera aussi une chance d’avoir les enfants que je ne te donnerai jamais.— Tu sais, je m’en doutais un peu. Cela fait longtemps que je te t’ai pardonné. Je suppose que tu voulais que je tourne la page, que je grandisse un peu. Mes petites voitures que j’aimais tant me tenaient éloigné de la vie véritable, celle avec les vrais gens, comme par exemple… toi ! Tu m’as ouvert les yeux, en plus de m’ouvrir ton corps. Non, je ne t’en veux plus, rassure-toi.— Vraiment ? Alors, j’ai été bête de ne pas t’en avoir parlé plus tôt et de ruminer ce que je viens de te dire pendant une année entière !— Moi aussi. Je n’ai jamais su parler aux femmes.— Ça, je le savais.— Mais je voudrais savoir : comment as-tu fait pour entrer chez moi, même après avoir fait changer les serrures de la porte d’entrée ?— Je suis passée par le balcon. L’appartement d’à côté était inoccupé, et la porte-fenêtre fermait mal. Tu es certain de ne plus m’en vouloir ?Il l’embrasse avec fougue pour l’empêcher de douter encore de son amour.Demain, il recevra le cadeau de mariage qu’elle lui réserve en secret, avec la complicité de ses amis à lui : une Renault 25 TS couleur bordeaux de 1984. Une vraie, avec de profonds sièges en velours beige, un seul rétroviseur extérieur, et qui roule encore malgré ses trois tours de compteur.

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